Entretien avec Inès Alouache, fondatrice de l'association Humanimals : « À chaque fois que je quitte la fourrière, je subis un contrecoup »
Depuis qu’elle a ouvert son association de protection animale en septembre 2023, Inès Alouache a sauvé une quarantaine de chats de fourrière promis à l’euthanasie. Grâce aux sauvetages et aux adoptions, la jeune femme permet à de nombreux petits cabossés de la vie de faire le deuil de leur passé et de goûter au bonheur absolu. L’équipe rédactionnelle de Woopets est partie à sa rencontre…
Pouvez-vous nous dire comment tout a commencé et ce qui vous a poussé à vous lancer dans cette aventure ?
J’ai découvert le post d’une femme sur X (ex-Twitter), qui lançait un appel d’urgence pour sauver un animal de fourrière risquant l’euthanasie. Ayant peu de connaissances sur le sujet, je me suis renseignée sur le fonctionnement de ces structures et sur les conditions de vie de leurs pensionnaires. J’ai appris que pour sortir un animal de fourrière, il fallait être le propriétaire ou une association.
Pour rappel, les propriétaires disposent d’un délai de 8 jours ouvrés pour récupérer leur petit compagnon. S’il n’a pas été réclamé à la fin de cette période, l’animal est considéré comme abandonné et peut être proposé à l’adoption par des associations de protection animale, comme la mienne.
Très sensible à la cause animale, j’ai senti le besoin de me rendre utile. J’ai donc fondé mon association en septembre 2023, en axant mes actions sur les animaux des fourrières. Ces dernières m’envoient régulièrement les photos et les profils des animaux, que je propose ensuite à l’adoption sur mes réseaux sociaux.
© Inès Alouache / Humanimals.asso
Quel est le mode de fonctionnement de votre association ? Possédez-vous des locaux ou ne travaillez-vous qu’avec des familles d’accueil ?
Je ne dispose pas de locaux, malheureusement ; je travaille avec quelques familles d’accueil, mais c’est très dur d’en trouver…
Avec Humanimals.asso, j’adapte mes actions en fonction de la situation. En règle générale, je vais chercher l’animal directement à la fourrière, puis je le remets à l’adoptant présent sur place ou l’amène dans sa nouvelle famille. Quand il s’agit d’un animal arrivant à la date de son euthanasie, je le prends souvent chez moi ou le place en foyer d’accueil en attendant de trouver une solution. Connaissant son sort funeste, je ne peux tout simplement pas me résoudre à l’abandonner…
Pour l’heure, je limite mes sauvetages aux fourrières d’Île-de-France, car j’habite dans le 92. Toutefois, j’ai déjà fait adopter de nombreux animaux dans d’autres régions.
© Inès Alouache / Humanimals.asso
Comment vivez-vous les visites en fourrière et comment faites-vous pour « encaisser » ?
À chaque fois que je quitte la fourrière, je subis un contrecoup sur le chemin du retour. C’est difficile d’être le témoin direct de cette misère et de cette souffrance animales. C’est notamment très dur de voir plusieurs chats se frotter contre les barreaux de leur cage ou miauler pour attirer mon attention.
Toutefois, je me rassure en me disant que je ne suis pas la seule à réaliser de tels sauvetages. Je trouve également du réconfort en voyant les animaux que j’ai sortis de fourrière être heureux et vivre une belle vie au sein de leur nouvelle famille.
La mise en fourrière peut être une épreuve particulièrement difficile pour les animaux. En règle générale, dans quel état psychologique se trouvent les animaux que vous récupérez ?
La majorité des animaux que je récupère en fourrière sont terrifiés et traumatisés. Mais cela se guérit !
Ils peuvent avoir besoin de plusieurs semaines, voire mois, pour réadopter des comportements « normaux ». J’ai appris que les fourrières nourrissent les chats à heure fixe. Or, ce sont des animaux qui mangent plusieurs petites portions au fil de la journée. Certains d’entre eux développent des troubles de l’alimentation, car ils ont faim toute la journée et les repas sont les seuls moments où ils bénéficient d’une interaction avec des humains.
Bien sûr, je tiens à préciser que les animaux reçoivent un minimum de soins et voient un vétérinaire à leur arrivée en fourrière. Les personnes que je rencontre là-bas font de leur mieux.
Pouvez-vous nous raconter l'un de vos derniers sauvetages ?
J’ai récupéré une minette, âgée d’environ 5 ans, qui n’avait aucun problème de santé, mais souffrait de dépression. Sa famille l’a abandonnée après avoir déménagé. Elle a erré quelques jours dans le quartier, jusqu’à ce qu’un riverain prévienne les autorités. À la fourrière, elle était très angoissée par les cris des autres animaux et se sentait profondément triste, à tel point qu’elle refusait de s’alimenter.
Comme c’était une urgence, je l’ai gardée chez moi. Au début, elle ne voulait pas manger, même les aliments les plus appétents. Néanmoins, elle avait toujours besoin d’être dans mes bras et d’être rassurée. Au fil des jours, elle a commencé à se détendre et à se sentir mieux.
Finalement, elle a été adoptée par une jeune femme adorable qui l’a aidée à progresser. Elle m’a récemment envoyé d’excellentes nouvelles et des vidéos touchantes, dans lesquelles on voit la chatte jouer, se balader dans le jardin, se détendre sur le dos… C’est l’une des plus belles évolutions que j’ai vues ! À travers cette histoire, on voit que les animaux peuvent trouver le bonheur absolu et oublier les traumatismes du passé.
Une autre histoire m’a aussi marquée, celle d’un Chartreux déposé à la fourrière par une personne qui affirmait l’avoir trouvé dans la rue. Après avoir été pris en charge par les employés, le chat est devenu très agressif. Il attaquait sa cage, affichait des yeux exorbités et se tenait constamment dans une position de peur.
Une personne m’a contactée pour me dire qu’elle adorait cette race et qu’elle désirait l’adopter. Je l’ai prévenue sur son comportement difficile, mais elle était déterminée à l’accueillir. Elle a fait preuve d’une grande patience, car le chat passait son temps à se cacher.
2 mois après son adoption, il est venu de lui-même chercher le contact. Ce Chartreux risquait l’euthanasie en raison de son agressivité, mais cette adoptante a relevé le défi. Avec de la patience, de la douceur et de l’amour, elle lui a permis d’aller mieux.
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Vous êtes particulièrement active sur Instagram et TikTok. Quel type de contenu partagez-vous ? En quoi les réseaux sociaux peuvent-ils être un outil intéressant pour les associations de protection animale ?
Sur TikTok et Instagram, je partage essentiellement mes opérations de sauvetage. Les internautes me suivent à la fourrière et découvrent les conditions de vie des pensionnaires. Je donne également des nouvelles des animaux que j’ai sauvés et qui ont été adoptés via mon association, notamment en stories à la une. Cela permet aux potentiels adoptants de se projeter.
Les réseaux sociaux permettent de toucher énormément de monde rapidement. Les algorithmes sont faits de manière à toucher les personnes qui ont de l’intérêt pour votre sujet. En ce qui me concerne, j’échange régulièrement avec des amoureux des animaux et des personnes sensibilisées à la protection animale.
Pour moi, c’est un outil indispensable. La quasi-totalité des adoptions ont été réalisées grâce aux réseaux sociaux, surtout à TikTok. C’est un outil idéal pour toucher du monde, sensibiliser le public et faire connaître son association.
Par Joséphine Voisart
Rédactrice Web
Après avoir suivi des études de lettres, Joséphine est devenue rédactrice web. Édition, lecture, écriture, animaux... Ce florilège de passions l’a fait tomber dans les pattes de Woopets ! Sensible à la cause animale, Joséphine a adopté une chatte répondant au nom d'Anthéa dans un refuge de sa région ; ainsi qu'une chienne, Lizzy, qui a vécu une vie de misère en Roumanie avant de rejoindre son foyer.
1 commentaire
Invité a écrit : 06/06/24
Ces fourrières sont des horreurs.
Merci à cette jeune femme pour son implication.
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