Le diabète chez le chat
Votre chat est vite sensible aux changements d’humeur, d’habitudes et au stress. Un petit rien peut rapidement provoquer une hyperglycémie. C’est aussi le cas, lorsque le diabète s’installe, il reflète une augmentation anormale et chronique du taux de glucose dans le sang. Le diabète sucré touche près d’un chat sur 200. Bien le comprendre pour mieux le détecter est essentiel, car il peut être réversible chez le chat pour peu que ce dernier puisse bénéficier d’une prise en charge précoce, médicale et diététique accessible en routine.
Malpropreté et amaigrissement, des alertes sérieuses
Si votre chat devient subitement malpropre, qu’il fait à côté de sa litière sans raison apparente, que vous observez une augmentation de sa prise de boisson, ce sont probablement des premiers signes d’alertes. Le diabète est fréquemment associé à une augmentation de la fréquence des émissions d’urines, en dehors de sa litière. On retrouve également des souillures sur son poil dues aux fuites urinaires ou aux léchages lors de sa toilette, avec un aspect un peu poisseux des poils, car les urines sont riches en glucose.
Certains chats présentent une boulimie suivie d’une prise de poids rapide alors que d’autres ont un appétit inchangé, mais maigrissent rapidement. Détecter le diabète félin assez tôt, c’est augmenter les chances de succès du traitement, car le diabète peut être réversible pour cette espèce. Lorsque le diabète s’installe, des complications sont possibles, un affaiblissement général, des respirations difficiles, des vomissements, des complications hépatiques ou des troubles neurologiques. Le stade du coma dit « acidocétosique », véritable urgence est le signe d’un état aggravé de certaines formes de diabète chez le chat.
Ces signes identifiables vont faciliter la démarche de votre vétérinaire pour déterminer la typologie du diabète de votre chat. Dans 90% des cas, la classification du diabète félin est de type II, identique à celle de l’homme et non-insulinodépendant, l’insuline étant l’hormone qui régule la libération et l’utilisation du glucose dans le sang, source d’énergie pour le corps de votre chat.
Chez la chatte, la stérilisation est conseillée
Le diabète chez le chat est souvent corrélé à l’âge, à l’obésité et aux hormones sexuelles, chez les mâles comme les femelles. Chez la chatte non stérilisée, le diabète sera stabilisé ou rétrocèdera plus facilement après ovariectomie. Certaines races de chats comme les Birmans semblent également prédisposées.
Votre vétérinaire soumettra votre chat à un bilan sanguin et urinaire complet pour détecter une hyperglycémie et du glucose dans les urines, des analyses permettant de comprendre le mécanisme du diabète, son origine et ses éventuelles complications. Si votre chat est en état de choc, atteint d’un coma acido-cétosique, forme aggravée du diabète, il sera hospitalisé d’urgence pour perfusion et soins.
L’insulinothérapie n’est pas systématique
Seul le diabète dit « sucré » répondra aux injections d’insuline. Il est possible que votre chat ne soit pas candidat à une insulinothérapie, surtout si son diagnostic est précoce. Des mesures hygiéniques et alimentaires seront alors peut-être suffisantes. Chaque chat est unique, chaque diabète ne se contrôle donc pas de façon identique ; chaque protocole évolue au fil des examens et des améliorations cliniques au cours du suivi.
Si besoin, une insuline mixte, lente ou ultra lente est à préférer chez le chat, jusqu’à 2 injections à réaliser par jour. Après une phase d’amorçage du traitement avec votre vétérinaire, au bout d’une ou 2 semaines, une courbe de dosage glycémique permettra d’affiner le nombre d’unités d’insuline à injecter. Réaliser une injection à son chat diabétique demande un peu de temps et d’entraînement, des stylos injecteurs d’insuline vétérinaire existent et vous pourrez les utiliser pour plus de confort ou de praticité. Des contrôles réguliers chez votre vétérinaire, tous les 3 à 4 mois seront indispensables.
Nutrition et diabète, l’un ne va pas sans l’autre
Revoir l’alimentation de votre chat est essentiel, le choix de l’aliment et son mode d’administration réduisent l’impact et les complications du diabète. Si les mesures diététiques ne se suffisent pas à elles seules en complément d’une insulinothérapie ou de médicaments qui diminuent le taux de glucose par voie orale, le repas sera à distribuer juste après l’injection, en plusieurs fois dans la journée, mais à heure fixe (2 à 3 repas). Une vigilance est de mise pour éviter toute hypoglycémie après l’injection. On évitera également tous les sucres rapides (sucre de table, gâteaux, bonbons…). L’eau doit être disponible en permanence pour pallier au besoin hydrique important, n’hésitez pas à noter tout changement de quantités d’eau bue pour le notifier à votre vétérinaire en surveillant bien le retour à un comportement urinaire normal et adéquat.
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Le traitement passe nécessairement par un régime diététique adapté, les aliments de choix thérapeutiques étant ceux dont la liste des ingrédients est bien détaillée, formulés sans sucres ajoutés. La qualité et la quantité des protéines proposées tout comme le degré d’appétence de l’aliment sont importants chez les chats qui présentent une certaine maigreur. Il existe un effet régulateur des fibres alimentaires présentes dans ces aliments pour chats diabétiques (sans excès), un juste équilibre entre fibres solubles et insolubles pour limiter à la fois l’augmentation du taux de glucose dans le sang, mais également pour diminuer l’apport en calorie chez les chats en surpoids. Contrôler le diabète de son chat à l’aide d’une ration ménagère est également possible.
L’aliment diététique pour chats diabétiques aide à compenser certains symptômes, à contrôler les désordres pondéraux (obésité, maigreur) et limiter l’hypoglycémie. En veillant à ce que votre chat ne puisse accéder à d’autres sources alimentaires, à l’extérieur ou auprès des gamelles des autres chats de votre intérieur, il est alors possible de stabiliser son état et de le maintenir ainsi pendant de longues années. Dans 80% des cas, avec un régime alimentaire adapté, un bon suivi à la maison et une bonne observance des protocoles d’insuline, une rémission peut être obtenue pendant des années.
Par Dr Corinne Lesaine
Docteur Vétérinaire
Diplômée de l’Ecole Nationale des Services vétérinaires (ENSV) de Vetagro Sup en protection animale (de la science au droit) en 2018, après une thèse de doctorat vétérinaire sur la protection du chien en 1995 (Oniris). Professionnelle vétérinaire et passionnée par les sciences, la nature, la santé, la protection et le bien-être animal, je propose mes services de conseils en communication scientifique et mon expérience comme rédacteur spécialisée vétérinaire avec de nombreuses publications professionnelles à mon actif sur la santé, la nutrition, la médiation et la protection animale.
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