Comment accompagner les personnes en deuil de leur animal de compagnie ? Le nouveau Rendez-vous de l’Animal en Ville planche sur la question
Katia Renard, rédactrice en chef du magazine 30 Millions d’Amis, a animé un nouveau Rendez-vous de l’Animal en Ville, organisé par Mars Petcare. Pour répondre à la question « Comment accompagner les personnes en deuil de leur animal de compagnie ? », 5 intervenants – pour qui le deuil de l’animal mérite une prise en charge à la hauteur de l’amour qu’il a apporté à son maître – ont expliqué l’accompagnement qu’il est possible de mettre en place pour respecter la douleur liée à cette perte et ne plus l’ignorer.
La place de l’animal a considérablement évolué ces dernières années. De plus en plus de Français considèrent leurs petits compagnons comme de véritables membres de la famille. Aujourd’hui, on parle même de « pet-parentalité ».
Les belles années passées aux côtés de ces amis fidèles nous rapprochent toujours un peu plus de l’inévitable. La mort d’un chat, d’un chien ou d’un NAC entraîne généralement une tristesse profonde, qui n’est pas toujours comprise et approuvée. Le deuil animalier demeure un sujet tabou.
« Si être pet-parents c’est la promesse de beaucoup d’amour, c’est aussi s’exposer à la douleur de la perte d’un être cher, souligne Katia Renard, même si notre société a commencé à changer de regard sur le deuil animalier, il arrive encore trop souvent que celui qui est affecté par le chagrin n’ose pas l’exprimer au grand jour par peur d’être incompris, voire moqué. »
Un professionnel de l’écoute et de l’accompagnement qui reconnaît le deuil animalier
L’évolution du statut de l’animal de compagnie a donné naissance à de nouveaux métiers porteurs de sens. Irène Combres, coach en deuil animalier, a fait le choix de se spécialiser dans l’accompagnement des pet-parents endeuillés ou devant se préparer au décès de leur petit compagnon.
« À partir du moment où on aime et que cet amour s’arrête, on a mal, indique la spécialiste, quand on éprouve cette peine, on n’a pas envie d’entendre des moqueries ou des gens qui estiment que cet animal était remplaçable, voire n’était rien. »
Au cours du débat, Irène Combres a révélé que la majeure partie des personnes faisant appel à ses services sont âgées de 25 à 35 ans. « Ce sont souvent de jeunes couples, précise-t-elle, l’animal est leur premier investissement émotionnel, ensemble. »
Quid des prix ? 65 € pour parler une heure ; 80 € l’heure et demie ; 110 € pour 2 heures. « J’ouvre également un espace que j’appelle le "dépose-minute" sur WhatsApp, poursuit l’intervenante, après les avoir accompagnées, les personnes peuvent me laisser un message dès qu’elles en ressentent le besoin, y exprimer leur colère ou leur tristesse. Je réponds par audio, parce que la voix est un outil particulier qui peut aider à les apaiser ou à les stimuler. »
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Une charte du deuil animalier pour sa reconnaissance par les employeurs
Pour le moment, la loi ne prévoit pas de congé dans le cas du décès d’un animal de compagnie. Lors de ce webinaire, Béatrice De Lavalette et Marie Le Lan, conseillères municipales à la ville de Suresnes, ont présenté « la charte du deuil animalier pour sa reconnaissance par les employeurs publics et privés » portée par le collectif Société en mouvement, dont elles font partie.
Pour prôner l’instauration d’une journée de congé aux salariés endeuillés par la perte de leur animal de compagnie, les intervenantes se sont appuyées sur des études et des auditions de spécialistes.
Comme l’explique Marie Le Lan, les experts ayant évalué la relation Homme-animal « s’accordent à dire que la stigmatisation et les difficultés à faire son deuil face à une société qui ne comprend pas la souffrance engendrée, compliquent le deuil et accentuent les symptômes de la dépression ».
Sujet tabou, on peut aller jusqu’à parler de « deuil privé de ses droits ». Il s’agit « d’une réaction de deuil après une perte importante pour un individu, bien que non reconnue comme suffisamment importante pour parler de deuil et pour demander un soutien à la société ».
Ainsi, l’autorisation de poser un congé pour deuil d’un animal de compagnie serait une forme de reconnaissance. « Plus nous serons nombreux à signer cette charte, plus nous pourrons faire évoluer cette question », conclut Béatrice De Lavalette.
La prise en charge du corps des animaux décédés a évolué
Ce Rendez-vous de l’Animal en Ville a permis de rappeler un point essentiel. Aujourd’hui, il est strictement interdit d’enterrer son animal de compagnie dans son jardin. « L’article L226-4 du Code rural et de la pêche maritime a été abrogé au 1er janvier 2016, déclare Marc Jobez, directeur des Affaires vétérinaires chez Esthima, la seule solution autorisée est la crémation. »
Esthima, leader des pompes funèbres animalières, propose 3 options (dont les tarifs sont mentionnés sur son site web) :
- La crémation plurielle : l’animal est crématisé avec d’autres animaux dans la même cellule de crémation. La restitution des cendres demeure impossible.
- La crémation référence : crémation individualisée permettant la restitution des cendres de l’animal.
- La crémation privée : ce service de crémation personnalisée offre la possibilité à la famille de se recueillir auprès de son animal, puis de récupérer ses cendres.
À noter que le corps de l’animal décédé peut être pris en charge chez le vétérinaire, ou être déposé en agence funéraire, voire directement au crématorium.
En ce qui concerne l’accompagnement des pet-parents endeuillés, il y a une forte demande de formation de la part des vétérinaires et des ASV selon Marc Jobez, lequel intervient notamment dans des écoles vétérinaires ou encore des centres hospitaliers vétérinaires.
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L’inauguration d’un columbarium pour animaux à Carrières-sous-Poissy pour répondre à un besoin sociétal croissant
Une fois les cendres de leur chat, de leur chien ou de leur NAC récupérées, les pet-parents peuvent les conserver dans une urne funéraire, voire les disperser dans un lieu symbolique comme un jardin du souvenir. En outre, ils peuvent inhumer leur défunt compagnon dans un cimetière animalier.
En décembre 2023, Carrières-sous-Poissy a inauguré un columbarium pour animaux de compagnie dans le parc de l’hôtel de ville. Équipement public à part entière et sécurisé, il permet aux familles de se recueillir.
« Il y a 72 places. Depuis son inauguration, 2 chats et un chien y reposent. […] Les prix dépendent de la durée de la concession (3, 6 ou 9 ans), dévoile Eddie Aït, maire de Carrières-sous-Poissy, ça va de 150 à 400 €. »
Élément de visite et outil de pédagogie sur la notion de deuil animalier, ce columbarium permet d’apporter une réponse au chagrin humain. « Ce sont des compagnons avec lesquels on passe parfois 20 ans. Il faut le prendre en compte aujourd’hui, dans une société qui a beaucoup évolué », ajoute Eddie Aït avant de conclure sur ces mots : « Il y a quelque chose que personne ne pourra retirer : l’authenticité de la peine ressentie face à la perte d’un animal. »
Par Joséphine Voisart
Rédactrice Web
Après avoir suivi des études de lettres, Joséphine est devenue rédactrice web. Édition, lecture, écriture, animaux... Ce florilège de passions l’a fait tomber dans les pattes de Woopets ! Sensible à la cause animale, Joséphine a adopté une chatte répondant au nom d'Anthéa dans un refuge de sa région ; ainsi qu'une chienne, Lizzy, qui a vécu une vie de misère en Roumanie avant de rejoindre son foyer.
1 commentaire
Invité a écrit : 29/03/24
Y compris ceux qui vivent avec des animaux sont aptes à dire: "prends toi un autre animal"! Nous sommes dans une époque de self service, de " supermarchés rois du monde". Celui qui pleure son compagnon canin est souvent considéré comme un malade un psychotique. Voir déclaré malsain car aimant son animal.
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