Création d'un numéro d'appel unique pour signaler les maltraitances animales : entretien avec Loïc Dombreval, président du CNPA à l’initiative du projet

Le Conseil National de la Protection Animale (CNPA) lance la première ligne téléphonique dédiée exclusivement aux signalements de maltraitance animale, le 3677. Ce numéro d’appel national a pour objectifs de sensibiliser le grand public, de détecter de manière précoce les violences faites aux animaux, de raccourcir les délais de traitement et de prendre en charge au plus vite les victimes. Dans un entretien exclusif accordé à la rédaction de Woopets, Loïc Dombreval (président du CNPA et ancien député) explique les tenants ainsi que les aboutissants de ce projet d’envergure.

Illustration : "Création d'un numéro d'appel unique pour signaler les maltraitances animales : entretien avec Loïc Dombreval, président du CNPA à l’initiative du projet"

Qu’est-ce que le CNPA ?

Le CNPA est une association créée en 1970 par Fernand Méry, un vétérinaire visionnaire décédé il y a 40 ans. Il a pris des positions très intéressantes sur les animaux ; et a compris la nécessité de fédérer les acteurs de la protection animale qui le souhaitent, pour donner de la force à leurs actions et faire mieux entendre leur voix.

En juin 2022, j’ai voulu reprendre le flambeau en raison de l’histoire passionnante et du potentiel du CNPA. Au-delà de cette volonté d’unir les associations, nous désirons trouver des terrains communs de combat pour porter au plus haut niveau de l’État certains nombre de volontés et améliorer concrètement la protection des animaux.

Est-il possible de dresser un bilan des signalements d’atteintes envers les animaux en France ?

Il y a énormément de signalements déclarés, que ce soit auprès des associations de protection animale ou des forces de l’ordre. Concrètement, nous ne connaissons pas le nombre de signalements de maltraitance envers les animaux en France. Nous ne disposons d’aucune donnée statistique fiable, qui nous permet d’affirmer le pourcentage exact de signalements annuels.

Toutefois, nous savons à l’heure actuelle qu’il y a environ 60 % de signalements abusifs ou malveillants (surréaction face à une situation, querelles de voisinage…) sur l’ensemble des appels reçus.

Avez-vous déjà été témoin d'une maltraitance animale ?

Je n’ai jamais été un témoin direct de maltraitance animale (et heureusement !), mais j’en ai déjà traité. Lorsque j’étais député, un internaute m’a envoyé via Facebook le lien d’une vidéo d’un individu maltraitant un animal de compagnie en Seine-Saint-Denis.

Par chance, je connaissais très bien le préfet de ce département. Après le lui avoir transmis, il a fait le nécessaire pour envoyer la police au plus vite. L’affaire a été résolue rapidement.

Comment l'idée de créer une ligne téléphonique dédiée aux signalements de maltraitance animale est-elle née ?

La création de cette ligne téléphonique est une évidence. Cette idée excellente – qui ne vient ni de moi ni du CNPA – traîne depuis des années et n’a jamais été mise en œuvre jusqu’ici. En fait, notre projet répond au souhait de nombreuses associations de protection animale, de particuliers et d’acteurs de terrain.

Pour la petite anecdote, une lanceuse d’alerte du nom de Gabrielle Paillot a récemment créé une pétition dédiée à ce sujet sur le site Mesopinions.com. Elle a récolté plus de 230 000 signatures. C’est révélateur !

Quels sont les objectifs de SOS maltraitance animale ?

Le premier objectif de cette ligne téléphonique est de simplifier la vie des Français qui ne savent pas comment réagir face à une maltraitance animale, et qui se sentent démunis. Soit ils n’agissent pas, soit ils multiplient les appels auprès des associations et des forces de l’ordre. À travers ce projet, nous souhaitons leur rendre service, et gagner du temps sur les signalements pour sauver les animaux.

Le second est d’obtenir des statistiques fiables en vue de mettre en place de meilleures politiques publiques. Outre l’émotion et le fait de souligner que ces actes de violence envers les animaux demeurent choquants, il est important d’adjoindre des données concrètes pour que l’État puisse agir de manière plus efficace.

Comment seront triés et gérés les signalements ?

Nous avons listé de façon quasi exhaustive l’ensemble des motifs de signalements possibles, et rédigé une procédure stricte nous permettant d’agir efficacement.

Pour ce faire, nous faisons appel à une plateforme externalisée composée de professionnels ayant la capacité de rester à la fois calmes, fermes et bienveillants au téléphone. Formés, ils auront des connaissances sur la réglementation et le droit. Il faut bien comprendre que, si le signalement manque de précision et de preuve, aucune action ne sera possible avec les forces de l’ordre.

Pour information, la plateforme sera ouverte 7 jours sur 7, 365 jours par an (jours fériés compris). Toutefois, elle ne le sera pas 24 heures sur 24. Entre 19h et 9h, les signalants pourront remplir un formulaire en ligne, qui sera traité en priorité à l’heure d’ouverture.

Quel est le budget prévu pour réaliser ce projet et comment le financez-vous ?

Nous avons évalué le budget à 300 000 € par an. Nous estimons ce projet d’intérêt général et public. Non seulement les animaux sont protégés et ont des droits ; mais dans certains cas, les maltraitances animales sont aussi les prémices de maltraitances intrafamiliales. À ce titre, nous considérons que l’État devrait y participer financièrement. Or, je n’ai aucune réponse de sa part à l’heure actuelle, malgré de nombreuses relances.

Grâce au secteur privé, nous avons levé une somme minimale nous permettant de lancer le projet cette année. Néanmoins, j’émets quelques inquiétudes. Je pense, en effet, que nous croulerons sous les appels. Plus il y en aura à gérer par les professionnels de la plateforme externalisée que nous engageons, plus cela nous coûtera cher… Nous avons besoin de continuer notre « quête financière » pour le bien-être des animaux, mais aussi pour celui des humains.

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Sur le site du CNPA, vous dites être « en réseau avec les associations de protection animale de terrain, les forces de l’ordre et les services vétérinaires ». Comment ont-ils accueilli le projet ?

Dans l’ensemble, la création de cette ligne téléphonique suscite un grand enthousiasme. Les acteurs de terrain, comme les forces de l’ordre, la DDPP et les vétérinaires, se sentent dépassés par les appels téléphoniques quotidiens, qui leur prennent un temps fou, car ils sont souvent abusifs, malveillants ou dénués de preuves.

Ils ont compris que le CNPA les aidera en jouant le rôle de régulateur. Nos équipes filtreront les appels, et leur feront gagner un temps précieux.

Pour faire un don au CNPA, cliquez ici.

Le 3677 est disponible 7 jours sur 7, 365 jours par an :

  • Du lundi au vendredi de 9h à 19h.
  • Le samedi de 10h à 19h.
  • Le dimanche et les jours fériés de 10h à 17h.

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