Entretien avec Andreea Sembely, coach certifiée en doga : « L’objectif est de partager un moment de douceur et de connexion »

Andreea et sa partenaire de bien-être Jazz (Berger Australien) forment un duo solide. Première coach certifiée en doga en France (yoga avec son chien), la yogi donne de nombreux conseils sur son compte Instagram @runwithurdog, et propose des séjours dog-friendly avec Decathlon Travel pour découvrir cette discipline toute douce en compagnie de votre fidèle ami à 4 pattes. Dans une interview accordée à Woopets, Andreea revient sur son parcours, explique les bienfaits de cette pratique et propose quelques astuces pour les maîtres qui désirent tenter l'aventure.

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Comment avez-vous découvert le doga et comment êtes-vous devenue coach certifiée ?

Après m’être blessée au genou lors d’un entraînement intense pour un marathon, mon médecin du sport m’a conseillé de pratiquer le yoga. Lorsque je sortais le tapis, mon Border Collie et mon Bouledogue Français – aujourd’hui décédés – s’y installaient naturellement. Je les ai d’abord repoussés, puis je me suis prêtée au jeu en réalisant des postures avec eux.

En découvrant mes photos sur les réseaux sociaux, des Américains qui suivaient mon compte m’ont fait remarquer que je faisais du doga. Ne connaissant pas cette discipline, j’ai cherché des informations sur Internet et lu des livres sur le sujet. Mes recherches m’ont menée vers Suzi Tietleman, la fondatrice du doga. Cette New-Yorkaise a inventé l’activité à la suite des attentats du 11 septembre 2001, où elle a perdu des proches. Des personnes de son entourage lui ont recommandé l’adoption d’un chien pour l’aider à gérer son stress post-traumatique.

Avec l’accord du studio dans lequel elle enseignait le yoga, Suzi a commencé à emmener son compagnon à 4 pattes. Elle s’est très vite aperçue qu’il avait envie d’interagir avec elle dans sa pratique et d’entrer dans l’énergie du yoga. C’est ainsi qu’elle a intégré son chien dans les postures, et créé le doga.

À l’heure actuelle, je suis la seule coach certifiée en doga en France, après avoir suivi une formation auprès de l’inventrice de la discipline.

Quels sont les bienfaits de cette pratique ?

Il y a des bienfaits spécifiques au chien, au propriétaire et au binôme. Le doga apporte un moment de détente aux humains. La pratique d’une discipline douce en présence d’animaux a un effet apaisant. Je dis souvent à mes élèves qu’on devrait ressembler à nos chiens, car ils se contentent de peu, sont toujours contents et connectés au présent. On a plus de chances d’être heureux en prenant exemple sur eux !

Les bénéfices sont également nombreux pour les chiens. Cette activité les calme, en particulier s’ils sont hyper actifs ou anxieux. Lorsqu’ils sentent que leur maître est apaisé et passe un bon moment en leur compagnie, ils ont tendance à se poser. Aussi, je pense que le doga est très positif pour les chiens ayant des traumatismes. Cette pratique les aide non seulement à faire confiance à l’Homme, mais aussi à reprendre confiance en eux.

Dans le doga, on ne cherche pas la performance sportive et on ne force jamais l’animal à rester dans une posture durant plusieurs minutes. On n’a pas besoin d’être yogi confirmé, d’être souple ou d’avoir un chien parfaitement éduqué. L’objectif est de partager un moment de douceur et de connexion ensemble. Cette activité inclusive est ouverte à toutes les races canines et à tous les âges. C’est toute la beauté du doga !

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© @runwithurdog

En quoi le doga renforce-t-il la relation avec notre chien ?

Voici une anecdote pour que ce soit plus clair. J’ai accompagné une dame ayant adopté un petit chien senior en refuge, qui a vécu des épreuves douloureuses dans sa vie. Craintif, il montrait les dents face aux chiens et aux humains qu’il ne connaissait pas, malgré l’éducation positive inculquée.

Durant les premiers cours collectifs, Torro ressentait une vive appréhension par rapport aux autres participants et n’arrivait pas à se poser sur le tapis. Comme vous le savez, les chiens sont des éponges à émotions. Ils ressentent notre énergie en permanence. Les débuts ont été difficiles… car sa maîtresse était stressée.

Même si on se base sur le chien au doga, il y a un gros travail sur l’humain. Lorsque cette dame a commencé à lâcher prise, Torro s’est posé et s’est même endormi. Au fil des séances, ce petit chien est devenu mon meilleur élève ! Sentir le calme émanant de sa référente et passer un moment agréable en sa compagnie, lui a fait prendre conscience qu’il pouvait s’abandonner complètement.

Au doga, on pratique beaucoup de massages pour apaiser l’animal. Mon objectif est que les humains et leur chien partagent un moment de douceur, qu’ils repartent détendus et avec le sourire.

Comment avez-vous préparé votre chienne, Jazz, à la pratique du doga ? Quelles sont vos postures préférées ?

Je voulais absolument un chien qui puisse faire du doga avec moi, mais aussi d’autres activités sportives, comme de la randonnée et du canicross (que je pratiquais à l’époque). J’avais des critères centrés sur le caractère, plutôt que sur le physique.

Quand Jazz est arrivée à la maison, on a commencé à réaliser des petites postures. Elle a pris l’habitude d’être manipulée très tôt – ce qui est pratique pour les soins ou les rendez-vous chez le vétérinaire ! Dans le doga, c’est le chien qui donne le rythme. Ainsi, je me cale toujours sur elle et je respecte ses limites. L’apprentissage du doga s’effectue jour après jour.

Aujourd’hui, dès que je m’allonge sur le sol pour la relaxation (savasana), elle se pose sur moi, ce qui fait souvent rire mes élèves. Sa posture préférée n’est autre que le câlin, que je lui ai appris à faire. Par contre, elle aime moins les postures où ses pattes ne touchent pas le sol.

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Quels conseils souhaitez-vous donner aux personnes qui envisagent de se lancer dans le doga ?

Pour commencer, je leur conseille de se poser sur le tapis avec leur chien et de faire des petits massages. Je recommande vivement le massage de relaxation des chakras : on part du point entre les 2 yeux, on descend le long de la colonne vertébrale jusqu’à l’insertion de la queue. On fait des mouvements circulaires avec les pouces sur la partie charnue pour apaiser le chien et laisser son énergie redescendre.

Ensuite, ils peuvent poursuivre avec des étirements et quelques postures basiques (chien tête en bas, par exemple) pour voir les réactions de leur animal. Ce n’est pas grave s’ils manquent de souplesse ! Ce qui compte, c’est de partager un moment de détente et de bonheur avec leur chien.

Par ailleurs, je leur suggère de toujours commencer et terminer une séance de doga de la même manière. Personnellement, j’utilise les bols tibétains pour marquer le début et la fin de mes séances, afin que Jazz sache que la session commence et se termine. Cela peut aussi être le même mouvement ou une respiration particulière.

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Pouvez-vous nous en dire plus sur les séjours de doga que vous animez ?

J’organise des séjours avec Décathlon Travel dans les Cévennes, pour des groupes comprenant une dizaine de personnes au maximum (à partir de 12 ans). Pendant 3 jours, on fait de la randonnée et du doga dans la nature. Les chiens ont droit à des petits massages, et les humains à des séances au spa.

Le cadre est dog-friendly et se prête bien au doga. On loge dans des chalets, une rivière coule en contrebas et un grand terrain couvert d’herbe permet aux chiens de se défouler. Tout a été réfléchi pour qu’on puisse passer un bon moment et que les animaux se sentent vraiment accueillis. L’idée que c’est le chien qui nous emmène en vacances et qu’on se cale sur ses besoins me tenait à cœur.

Ces séjours sont de véritables partages communautaires. On entre en connexion avec notre chien, mais aussi avec les membres du groupe qui partagent la même sensibilité.

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