"Il y a tellement d'animaux qui ont encore besoin d'aide" : Le récit poignant d’un bénévole de PETA en Ukraine
PETA Allemagne est présente en Ukraine depuis le début de la guerre lancée par la Russie fin février. Sur place, Daniel Cox et ses camarades traversent chaque jour la frontière polonaise et bravent tous les dangers pour secourir autant d’animaux et de personnes que possible. Le bénévole livre un témoignage émouvant.
Le 24 février 2022, les forces armées russes débutaient leur offensive sur l’Ukraine. Sachant pertinemment que la guerre allait faire de nombreuses victimes parmi les animaux et les humains, des associations de protection animale s’étaient rapidement déployées dans la région pour porter secours à ces âmes en détresse. Parmi elles, il y a l’équipe de PETA Allemagne qui effectue un travail colossal malgré le danger permanent et les difficultés rencontrées au quotidien.
© Leni Lecker
Chef d’équipe de campagnes chez PETA Allemagne, Daniel Cox est chargé de la coordination des missions de sauvetage d’animaux sur le territoire ukrainien. Cet homme de 46 ans effectue et supervise les périlleux trajets quotidiens grâce auxquels des dizaines de chiens, de chats et d’autres animaux sont régulièrement sauvés.
© Daniel Cox
Des périples qui commencent tôt le matin, quand le convoi sort de Pologne pour se retrouver littéralement sur le champ de bataille en Ukraine. La course contre la montre et la mort est lancée. Il s’agit d’atteindre sa destination, d’embarquer les animaux et de revenir le plus vite possible avant la tombée de la nuit, sous la menace des frappes aériennes et des terribles sirènes qui les annoncent.
© PETA Germany
C’est le quotidien de Daniel Cox et des autres bénévoles, ce à quoi ils font face, tout comme tous ces gens qui fuient la guerre avec ou sans leurs animaux. Elina, elle, n’est pas partie sans ses 12 chats. Cette Ukrainienne a eu la chance d’être évacuée de Kharkiv vers l’Allemagne avec ses compagnons félins grâce à l’association. On la voit sur ces photos :
© PETA Germany
Ces gens qui « risquent leur vie pour mettre des chats et des chiens en sécurité »
Elina et ses chats sont en sécurité, loin des affres du conflit que les militants de la cause animale retrouvent tous les jours avec un courage et une détermination qui forcent l’admiration. Daniel Cox et son équipe répondent à leurs appels « partout en Ukraine, dit-il. [Ils] risquent leur vie pour mettre des chats et des chiens en sécurité et nous demandent de récupérer les animaux qu'ils réussissent à transporter à Lviv depuis des villes aussi lointaines que Kyiv et Kharkiv », 2 villes meurtries.
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Lviv se trouve à environ 100 kilomètres de la frontière polonaise. C’est principalement là que se rendent les convois qu’il dirige, pour récupérer des animaux provenant de refuges de tout le pays.
Les bénévoles sont en alerte permanente. Ils doivent passer les barrages tenus par les militaires et civils ukrainiens s’efforçant de protéger leur pays, puis regagner la frontière. Même arrivés à celle-ci, ils ne sont pas au bout de leurs peines. La file de véhicules est interminable. Ce sont des heures d’attente qu’ils doivent supporter, tout comme le froid mordant et l’épuisement, tant nerveux que physique.
Le sourire malgré tout
Malgré tout, Daniel Cox et ses camarades trouvent toujours la force de poursuivre leur noble mission. De temps en temps, une petite anecdote vient leur redonner de la bonne humeur et un surplus de motivation, comme lors de cette récente opération où 60 chats et 20 chiens, répartis dans 3 véhicules, ont pu être sauvés.
Après une énième dure journée, le quadragénaire s’est surpris à sourire en regardant Dorian, l’un des animaux secourus grâce à ce convoi. Le chaton de 6 mois miaulait si fort que sa collègue Petya a décidé de le faire sortir de sa caisse de transport pour le poser sur leurs genoux. Petya (à gauche, photo ci-dessous), une personne admirable, « la militante des droits des animaux la plus déterminée et la plus courageuse que j'aie jamais rencontrée », dit d’elle Daniel Cox.
© Leni Lecker
Tout aussi brave et courageuse est Elina, la maman des 12 chats évoquée plus haut qui a dû dire au revoir, peut-être adieu, à son mari reparti vers l’Est pour acheminer des croquettes dans les villes où les chiens et les chats n’ont plus rien à manger. Une scène à laquelle Daniel Cox a assisté et qui l’a « ému aux larmes », confie-t-il.
Faire parvenir des aliments pour les animaux affamés, bloqués dans les zones de guerre, est aussi l’une des priorités de PETA Allemagne. L’association a ainsi « réussi à expédier 120 tonnes de nourriture pour chiens et chats à distribuer dans toute l'Ukraine où elle est vitale et urgemment nécessaire », explique le bénévole, qui tient à souligner l’importance du « généreux soutien [des] donateurs » dans cette démarche. Il parle notamment d’Odessa, où les animaux n’ont pas été nourris depuis des jours.
© PETA Germany
Daniel Cox est évidemment heureux pour chaque animal qu’il sauve ou contribue à sauver, mais ne peut s’empêcher de penser à tous ceux qui n’ont pas cette chance. Il y a les chiens et les chats, bien entendu, mais aussi les animaux d’élevage « qui ne peuvent pas être secourus et qui n'auraient pas eu besoin de l'être s'ils n'avaient pas été élevés juste pour être tués et consommés ». Guerre ou pas, la vie de ces vaches, moutons, cochons et autres poulets « est remplie de misère, de séparation cruelle de leurs familles, de douleur et de peur ».
Il aimerait tant que cette compassion animant le public à l’égard des canidés et des félins s’étende « aux autres animaux tout aussi dignes de notre préoccupation, car nous n'avons pas besoin d'adopter pour [les] aider. Chacun de nous peut épargner à 200 animaux par an une souffrance et une mort violente, simplement en les laissant hors de nos assiettes. »
Au milieu de toute cette peine, Daniel Cox est touché par la solidarité qu’il observe tous les jours sur le terrain. Celle qui mobilise les personnes qui, comme lui, ont quitté leur pays pour venir en aide à ses semblables, ainsi que les Ukrainiens s’employant à sauver un maximum d’animaux, à l’instar d’Elina et de son mari.
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Un nouveau départ pour les animaux évacués
Que deviennent les animaux évacués vers la frontière polonaise ? Une fois arrivés en Pologne, ceux d’entre eux qui sont blessés ou malades sont transportés à la clinique vétérinaire de l’organisation partenaire de PETA Allemagne. Les autres sont placés dans un refuge voisin, où ils reçoivent nourriture et réconfort. Certains ont la chance d’être adoptés rapidement en Allemagne et en Autriche.
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Pour le reste, c’est un séjour dans un refuge allemand jusqu’à ce qu’on leur trouve une famille aimante. Les potentiels adoptants ne manquent d’ailleurs pas ; les messages de personnes souhaitant accueillir les animaux ukrainiens parviennent du monde entier. Daniel Cox s’en réjouit, mais il demande aux gens désireux et en capacité d’adopter de commencer par les chiens et chats vivant les refuges locaux, qui ont eu aussi droit à une chance. Des animaux « affectueux et plein d’amour attendent désespérément une famille », dit-il.
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Daniel Cox et son équipe font un travail remarquable et comptent d’innombrables précieuses vies sauvées à leur actif, mais leur mission est loin d’être terminée. La guerre se poursuit et « il y a tellement d’animaux qui ont encore besoin d’aide », conclut-il.
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Par Alexandre Dieu
Rédacteur en chef
Passionné d’écriture, des réseaux sociaux (et bien évidemment des animaux), Alexandre Dieu est le rédacteur en chef de Woopets. Diplômé d’un Master Métiers de la rédaction, il travaille en harmonie avec 2 vétérinaires, une éducatrice canine, un journaliste et 2 rédacteurs spécialisés mobilisés pour Woopets.
1 commentaire
Invité a écrit : 09/05/22
bouleversant !!!! on ne parle pas assez des associations de PA qui font tout pour sauver les pauvres animaux de cette guerre !!! mille mercis à elles !
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