Un juge canadien doit décider du sort d’un chien mordeur, dans une affaire qui oppose les comportementalistes et leurs méthodes

Bronx sera-t-il déclaré dangereux et donc euthanasié ? Le sort de ce chien ayant mordu à 2 reprises est entre les mains du juge. Lui et son ancien propriétaire sont défendus par une comportementaliste, tandis que son homologue mandatée par la Ville met en doute les méthodes appliquée par le nouveau maître du canidé, qui exerce le même métier.

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Le « procès » de Bronx, un croisé Rottweiler / Dogue Argentin, a débuté le weekend dernier et doit se poursuivre jusqu’au lundi 4 octobre. Mardi, sa défense a fait intervenir des témoins, comme le rapportait la CBC ce mercredi 29 septembre. Des témoignages qui suivent ceux livrés 2 jours durant par une comportementalistes basée à Vancouver et mandatée par la Ville de Victoria (Colombie-Britannique, Sud-ouest du Canada) pour l’évaluation comportementale du chien.

Bronx avait mortellement mordu un petit Caniche en août 2018. Le service de contrôle animalier l’avait alors déclaré « chien dangereux » et sommé son propriétaire de l’époque, Rick Bonora, de le museler à plusieurs reprises. En mars dernier, l’animal s’était à nouveau signalé par un incident de morsure ; il s’en était pris à un homme sur le parking de l’église fréquentée par son maître.

Bronx, un « risque inacceptable pour le public ? »

A présent, le juge Adrian Brooks doit prendre une décision lourde de conséquences : « Ce chien représente-t-il un risque inacceptable pour le public ? ». Si la réponse est oui, Bronx devra être euthanasié.

Dans cette affaire, Rick Bonora est défendue par une autre comportementaliste, Lisa Warden, bien qu’elle ne soit pas avocate. Elle se bat depuis des mois pour sauver le chien. Dans l’espoir d’éviter l’euthanasie à Bronx, Rick Bonora en a transféré la propriété à un éducateur-comportementaliste appelé Ken Griffiths. Ce dernier est convaincu de pouvoir réhabiliter le chien.

Le juge Brooks a accordé un délai supplémentaire à Ken Griffiths pour terminer son examen comportemental, mais il commence à perdre patience. Il lui a demandé de préciser le temps qu’il lui faudra pour finir le travail et de s’en tenir à cette date-limite.

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Lisa Warden / CBC

De son côté, Lisbeth Plant, experte mandatée par la Ville, a dit au juge lors de son témoignage que Bronx est un chien « extrêmement craintif » et qu’il n’y a aucune garantie quant à son comportement futur. « Si je marchais dans la rue avec ma petite-fille et que je voyais Bronx venir vers nous, je changerais de trottoir », a-t-elle déclaré face au magistrat.

Gary Gibson, un autre spécialiste sollicité par Lisa Warden pour témoigner, a affirmé n’avoir « absolument aucun doute » quant à la capacité de Ken Griffiths à remettre Bronx sur le droit chemin. « Je suis persuadé que ce chien ne représentera jamais un risque inacceptable, pas entre les mains de [Ken Griffiths] et pas dans son établissement », a-t-il ajouté.

Un fossé entre les méthodes d’éducation canine

Pour Lisbeth Plant, cette affaire est aussi celle du fossé qui sépare les différentes écoles d’éducation canine. D’après elle, la méthode prônée par le célèbre Cesar Millan et appliquée par Ken Griffiths est dépassée. Elle est basée sur la conviction que le meilleur moyen d’éduquer un chien est d’être dominant à son égard.

Lisbeth Plant et la partie adverse s’opposent également sur les signes affichés par Bronx durant l’évaluation faite par Ken Griffiths et filmée par Gary Gibson. Après avoir visionné la séquence, la comportementaliste engagée par la Ville a souligné chez l’animal les oreilles rabattues, les bâillements et le fait de se coucher. Autant de manifestations de stress, selon elle. Ken Griffiths, lui, dit y avoir plutôt vu des postures de détente.

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Lisa Warden / CBC

Devant le juge Brooks, Gary Gibson a défendu son collègue en assurant que Bronx n’était pas du tout soumis au stress. Il a déclaré que même s’il était parfois sceptique quant aux méthodes de Ken Griffiths, il admet que ce dernier a un « don ». « Ce qu’il a accompli en 40 ans de travail avec les chiens, je n’avais jamais rien vu de tel de ma vie. Cette rapidité et ce genre de processus d’apprentissage. C'est assez incroyable », a-t-il conclu.

Il ne sera pas simple pour le magistrat de trancher. Il aura 4 jours pour le faire et décider si Bronx pourra rester en vie.

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