Un siècle après l'exploit salvateur et légendaire du chien Balto, son ADN révèle les secrets de sa résistance au froid
Balto n’était pas le seul chien à avoir contribué à sauver les enfants d’un village de l’Alaska en proie à une épidémie, mais il était l’un des plus célèbres. Il était à la tête d’un attelage ayant parcouru une longue distance sous un froid extrême et des vents violents, dernière étape d’un périple ayant permis d’acheminer le sérum contre la diphtérie. Comment avait-il pu réaliser une telle prouesse ? Son ADN vient de parler.
Les conclusions d’une étude portant sur le génome de Balto et la diversité génétique de ses congénères de l’époque ont été publiées hier, jeudi 27 avril, dans la revue Science.
Des travaux qui avaient été menés par une équipe de chercheurs dirigée par Katherine L. Moon, du département d’Ecologie et de biologie évolutive à l’Université de Californie à Santa Cruz (Etats-Unis).
Balto est l’un des grands héros canins de la légendaire « Course au sérum » de 1925. Cette épopée avait inspiré le film d’animation « Balto chien-loup, héros des neiges » (1995), ainsi que le long-métrage « Togo » (2019).
Cleveland Museum of Natural History / Facebook
De nombreuses vies humaines sauvées grâce à des chiens d’exception
Il y a 98 ans, donc, plusieurs attelages de chiens de traîneau, dirigés par 20 mushers, s’étaient relayés pour acheminer une cargaison précieuse et vitale de la gare de Nenana, en Alaska, vers le village de Nome.
Le chargement en question était constitué de doses de sérum antidiphtérique. A Nome, en effet, une épidémie de diphtérie sévissait parmi les enfants, coûtant malheureusement la vie à plusieurs d’entre eux. Après une première partie du trajet assurée en train, il restait 1085 kilomètres à parcourir, et seuls les chiens de traîneau pouvaient relever ce défi.
Togo, 12 ans, s’était illustré en effectuant la plus longue distance en menant les autres chiens de son attelage. Quant à Balto, il était chargé de guider ses congénères lors de l’ultime tronçon, sous des conditions climatiques extrêmement difficiles. L’attelage de Balto était conduit par le musher Gunnar Kaasen.
Malgré son manque d’expérience et le climat défavorable, Balto avait rempli sa mission haut la patte. Il avait fait montre d’une résistance exceptionnelle tant face au froid et aux vents qu’à la fatigue.
Son endurance et sa résilience lui ont valu d’entrer dans la légende. Avec Togo, il symbolise le courage de tous les chiens ayant pris part à ce périple salvateur. Une statue à son effigie est visible à Central Park, à New York, et rend hommage aux auteurs de cet exploit.
Balto avait vécu jusqu’en 1933. Après son décès à l’âge de 14 ans, son corps avait été naturalisé. Il est exposé au musée d’histoire naturelle de Cleveland, dans l’Ohio. Une aubaine pour les scientifiques, qui ont ainsi eu la possibilité d'y prélever un échantillon d’ADN. Katherine L. Moon et ses collègues ont pu l’analyser dans le but de « lire » son génome et d’identifier les spécificités de la population dont il était issu.
Une diversité génétique supérieure, parmi les clés de la robustesse de Balto
L’étude du profil génétique de Balto leur a ainsi révélé que ce chien ne partageait « qu’une partie de son ascendance diversifiée avec la race du Husky Sibérien et était plus diversifié génétiquement que les races modernes et les chiens de traîneau ».
Ils ont également découvert qu’il avait pour ancêtres des chiens de traîneau du Groenland, ainsi que des canidés originaires d’Asie, notamment du Vietnam et des Dogues du Tibet.
Surtout, le génome de Balto était caractérisé par une grande diversité – à la faveur d’un faible niveau de consanguinité – et la moindre présence de variations génétiques susceptibles d’affecter sa santé et ses performances physiques. 2 facteurs qui lui conféraient « un avantage fonctionnel ». Autrement dit, il était génétiquement programmé pour résister aux conditions extrêmes, comme celles qui avaient marqué son parcours vers Nome.
Concrètement, Balto possédait un pelage, une peau et un squelette qui le protégeaient et l’aidaient à poursuivre son effort envers et contre tout.
Par Alexandre Dieu
Rédacteur en chef
Passionné d’écriture, des réseaux sociaux (et bien évidemment des animaux), Alexandre Dieu est le rédacteur en chef de Woopets. Diplômé d’un Master Métiers de la rédaction, il travaille en harmonie avec 2 vétérinaires, une éducatrice canine, un journaliste et 2 rédacteurs spécialisés mobilisés pour Woopets.
1 commentaire
Invité a écrit : 28/04/23
respect à tous ces magnifiques chiens !
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