Apprendre à son chien à gérer sa frustration
La frustration est bien présente chez le chien, et ses conséquences peuvent donner lieu à divers comportements indésirables, en plus, bien entendu, de le rendre malheureux. Quelles solutions pour venir en aide au chien frustré ?
Apprendre à son chien à gérer sa frustration est essentiel pour favoriser sa bonne intégration à la fois au sein du foyer mais aussi dans la société de manière générale.
Pourquoi apprendre à son chien à gérer sa frustration ?
Pour un chien, apprendre à gérer sa frustration lui permettra, entre autre, d’accepter de rester seul à la maison, d’accepter que tout n’est pas permis, d'accepter d'attendre avant d'obtenir, mais surtout, cet apprentissage lui permettra de comprendre une notion essentielle en éducation : renoncer, c’est gagner !
En effet, pour qu’une coopération se mette en place entre un maître et son chien, le plus important sera de respecter la règle du donnant/donnant. Un chien ne devrait pas apprendre à insister pour obtenir, il devrait au contraire apprendre à renoncer pour gagner.
De plus, la frustration est une émotion très importante à canaliser car si nous n’étions pas apte à la contrôler, même nous, humains, nous ferions encore des crises dans les supermarchés pour obtenir un paquet de bonbons. Ce n’est, bien entendu, absolument pas cohérent ni acceptable pour évoluer de manière civilisée au sein de notre société… Et pour nos chiens, il en est de même.
Enfin, à l’inverse, ne pas apprendre à son chien à gérer sa frustration pourrait avoir des conséquences importantes sur le quotidien car de nombreux troubles comportementaux pourraient découler d’une mauvaise gestion de cette émotion.
Comment apprendre à son chien à gérer sa frustration ?
A mon sens, l’apprentissage de la gestion de la frustration se fait sur le long terme, même si des exercices pratiques permettent de renforcer cet apprentissage (le "pas bouger", le "tu laisses", des exercices/jeux de renoncement, etc.), c’est au quotidien et à force de répétition et de cohérence dans l’attitude que la frustration du chien deviendra une émotion qui n’engendre pas de troubles comportementaux.
Voici les trois axes sur lesquels votre attitude et votre engagement auront un impact sur la bonne gestion de la frustration de votre chien :
La réponse aux besoins du chien
Pour que votre chien accepte parfois d’être frustré et de ne pas obtenir ce qu’il désire systématiquement, il faut que, en contrepartie, vous répondiez à ses besoins primaires (bien évidemment), ses besoins de dépense et ses besoins sociaux.
Si vous n’interagissez pas avec votre animal et que vous ne lui permettez pas de combler ses besoins, vous n’obtiendrez aucune coopération en retour, et à juste titre !
Ainsi, répondre aux besoins de son chien c’est :
- lui proposer une alimentation de qualité et adaptée
- lui proposer un endroit refuge confortable (panier, caisse de transport, etc.)
- le sortir tous les jours, même si vous avez un grand jardin
- jouer avec lui (à des jeux éducatifs favorisant le renoncement)
- lui permettre de rencontrer ses congénères régulièrement
- le dépenser tant physiquement que mentalement et de manière olfactive
- lui proposer un environnement sécurisant, etc.
La gestion des ressources
Un point important également qui permettra à votre chien d’apprendre, au quotidien, à gérer sa frustration, c’est la gestion des ressources.
Pour ce faire, la nourriture, l’espace et les contacts devront être initiés par le maître afin que le chien comprenne que ces ressources ne sont pas acquises.
Bien entendu, pour un chien qui n’a aucun problème de comportement, la gestion de ces ressources pourra être plus légère et moins stricte. Néanmoins, pour un chien ayant de gros troubles du comportement, notamment engendrés par une mauvaise gestion de la frustration, plusieurs points devront être réajustés de la manière suivante :
- Gestion de la nourriture : votre chien doit manger une ou deux fois par jour, seul et pendant minimum 15 minutes (gamelle terminée ou pas, on la retire au terme de ces 15 minutes). Le libre service n’est pas à privilégier tout simplement pour apprendre au chien à attendre avant d’obtenir satisfaction mais aussi pour éviter d’éventuels retournements d’estomac. Puis, votre chien ne doit pas quémander, notamment lorsque vous êtes à table, il doit renoncer/attendre que vous soyez à l’initiative de cette ressource et éventuellement accepter de ne rien obtenir de vous lors de vos repas.
- Gestion des contacts : de même que pour la nourriture, c’est au maître de décider quand il souhaite interagir avec son chien et surtout quand il souhaite mettre fin au contact. Un chien qui prend contact quand il veut est un chien qui aura du mal à gérer le fait de ne pas être caressé lorsqu’il le souhaite et qui pourrait alors se montrer insistant et donc difficilement gérable.
- Gestion de l’espace : votre chien doit avoir son espace à lui et doit respecter votre espace lorsque vous ne souhaitez pas qu’il vous suive partout. Tout chien devrait avoir une place, un panier ou une caisse de transport, dans un coin de la pièce à vivre, où il ne sera pas dérangé et où il pourra trouver refuge. Afin de pouvoir gérer l’espace, il est important que votre chien sache aller à sa place sur commande.
En clair, votre chien peut avoir toutes les libertés du monde, tant que vous ne les subissez pas.
La cohérence de l’attitude
Vous l’aurez compris, tout est une question d’initiative et vous devez, en tant que maître, être cohérent au quotidien pour que votre chien accepte sans contrainte ni soumission et vous considère comme un référent.
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Je ne parle bien entendu absolument pas d’une quelconque domination mais plutôt d’un rôle de guide pour favoriser une bonne intégration au sein du foyer et donc, à terme, une cohabitation plus harmonieuse et des interactions plus adaptées (sous entendu : non subies).
Puis, en plus de cette cohérence concernant la gestion des différentes ressources de votre chien, vous devez toujours en contrepartie, savoir écouter votre chien, répondre à ses attentes, ses besoins, ses envies, mais sans le faire de manière contrainte.
Par exemple : si vous voyez que votre chien veut prendre contact avec vous, c’est qu’il en a envie, voire besoin, et que vous êtes la personne qui pourra l’apaiser et répondre à cette attente. Toutefois, il sera intéressant et productif sur le long terme d’attendre que votre chien soit passé à autre chose (qu’il renonce) pour ensuite l’appeler et interagir avec lui. Ainsi, vous répondez à ses envies tout en restant à l’initiative.
Par Clémentine Turgot
Éducatrice canin comportementaliste / Rédactrice Web
Passionnée d’animaux et particulièrement de chiens depuis son plus jeune âge, Clémentine Turgot a arboré de nombreuses casquettes professionnelles mais ne pouvait passer à côté de celle d’éducatrice canin. Diplômée d’un certificat d’éducateur canin comportementaliste, elle décide de fusionner sa passion et ses compétences canines avec son attrait pour l’écriture et le partage d’astuces et conseils pour devenir rédactrice web indépendante, spécialisée dans l’éducation et le comportement canin.
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