Anomalie de Pelger-Huët chez le chien
Qu’est-ce que l’anomalie de Pelger-Huët chez le chien ? Quelles en sont les caractéristiques ? Est-il possible d’établir un diagnostic et de traiter cette anomalie ?
N’ayant été constatée qu’en de rares occasions, l’anomalie de Pelger-Huët (APH) a toutefois des conséquences dévastatrices sur les portées de chiots affectés. Souvent, ils meurent alors qu’ils sont encore à l’état de fœtus ou décèdent rapidement après la mise bas. Chez le chien qui survit à l’anomalie de Pelger-Huët, d’importantes déformations se déclarent. Voyons cette maladie plus en détail.
Une maladie génétique rare et mortelle
L’anomalie de Pelger-Huët est une maladie génétique aussi rare que fatale pour la plupart des chiots concernés. Elle est associée à une segmentation nucléaire absente ou insuffisante, qui affecte les granulocytes neutrophiles. Ces cellules appartiennent à la lignée des globules blancs et jouent un rôle central dans le système immunitaire.
Les granulocytes neutrophiles sont des cellules sanguines, plus précisément des globules blancs non spécifiques, autrement dit qui ne sont pas dirigés contre un seul antigène. En temps normal, le noyau des granulocytes neutrophiles, constitué de chromatine (substance constituée majoritairement d’ADN et de protéines), est organisé de plusieurs agglomérations de cette substance, formant ainsi des granules observables au microscope. Dans le cas de l’anomalie de Pelger-Huët, ces granulocytes sont marqués par l’agrégation de leur chromatine mature : l’agglomération en granules disparaît. Cette perte de structure affecte la fonction des granulocytes neutrophiles et provoque ainsi des déficits immunitaires graves.
C’est sous sa forme homozygote, en d’autres termes chez les chiens porteurs de deux copies du gène responsable, que l’anomalie de Pelger-Huët donne lieu à d’importantes altérations morphologiques et provoque la mort, souvent in utero ou peu après la naissance du chiot. Les chances de survie sont effectivement très faibles. Quant aux petits qui réussissent tout de même à y survivre, ils présentent de sévères déformations du squelette et sont particulièrement vulnérables aux infections.
Chez les chiots ne portant qu’une seule copie du gène d’APH (forme hétérozygote), on n’observe aucun symptôme et ces jeunes canidés sont considérés comme tout à fait viables. Il est cependant déconseillé de les mettre à la reproduction, ou alors uniquement avec des individus portant deux copies saines du gène de l’APH.
L’anomalie de Pelger-Huët existe aussi chez l’humain.
Quelles sont les races prédisposées à l’anomalie de Pelger-Huët ?
Bien des aspects de l’anomalie de Pelger-Huët sont encore méconnus de nos jours. Cela concerne notamment le mode de transmission de cette maladie, qui est vraisemblablement héréditaire.
Par ailleurs, la majorité des cas d’APH ont été constatés chez des chiens de race Berger Australien. On estime que le Berger Allemand, le Border Collie, le Cocker Anglais et le Samoyède font aussi partie des races canines pouvant présenter une prédisposition à l’anomalie de Pelger-Huët, quoique bien plus faible que chez le Berger Australien ou encore le Basenji et le Chien noir et feu pour la chasse au raton.
Peut-on prévenir ou traiter l’APH ?
La prévention de l’anomalie de Pelger-Huët est extrêmement difficile, tout simplement parce que son diagnostic l’est tout autant. En effet, le fait que le diagnostic soit difficile est un frein à l’identification des animaux touchés, et donc à la recherche sur cette maladie. Le gène associé à l’APH n’a pas encore été identifié à ce jour. Il n’existe pas non plus de traitement.
De plus, les symptômes peuvent prêter à confusion, puisqu’ils peuvent être pris pour des signes d’infection, voire de leucémie dans ses tout premiers stades. Le test de dépistage de l’anomalie de Pelger-Huët s’effectue notamment par frottis sanguin, mais là encore, un résultat négatif obtenu par ce dernier ne signifie pas forcément que le chien n’est pas atteint.
La principale mesure de prévention consiste donc à éviter de sélectionner un chien formellement reconnu comme porteur de l’anomalie de Pelger-Huët pour la reproduction. Parmi les indicateurs poussant à l’identifier comme tel, on compte le fait qu’il ait engendré des portées de tailles changeantes, dont certaines caractérisées par de nombreux cas de chiots mort-nés. En effet, l’anomalie peut se transmettre à certains chiots de la portée, car les gènes sont brassés lors de la reproduction : les chiots atteints seront ceux recevant deux copies du gène muté.
Les éleveurs des chiens appartenant aux races à risque sont invités à effectuer le test et à prendre en compte l’historique de leurs chiens mis à la reproduction.