Le chat renard corse
Nouvelle espèce féline ou résultat d’un croisement ? Les conclusions d’études lancées dans la foulée de la découverte d’un chat renard corse en 2008 devraient permettre d’y voir plus clair. Des travaux qui connaissent une tout autre dimension avec la capture d’une douzaine de chats dans la forêt communale d’Asco.
Le chat renard corse n’est pas une espèce féline domestique et il vit bien loin des humains. Pourtant, il ressemble énormément aux chats que nous côtoyons. De plus, son histoire est tout à fait passionnante. Voilà pourquoi nous avons choisi de nous intéresser à ce chat qui peuple les forêts montagneuses de l’île de Beauté.
Les bergers corses en parlaient déjà
Le chat renard était-il déjà connu des bergers corses ? S’ils ne l’ont probablement jamais vu, plus d’un a rapporté des traces de griffes inhabituelles trouvées sur les mamelles de leurs brebis ou leurs chèvres.
En langue corse, on l’appelle le « ghjattu-volpe ». Le mythe qui entourait ce félin sera peut-être élucidé dans quelques années, à mesure que les études dont il fait l’objet avanceront.
C’est dans la forêt d’Asco, en Haute-Corse, que le chat renard corse a pu être officiellement observé. En 2008, 2 agents de l’ONCFS (Office national de la chasse et de la faune sauvage) ont pu en capturer un alors qu’il « visitait » un poulailler.
L’animal a ainsi été examiné et ses principales caractéristiques physiques ont pu être répertoriées. Le chat renard corse dispose d’un pelage gris fauve, mais aussi et surtout d’une queue remarquablement longue et épaisse, faisant penser à celle du renard. C’est de là que vient son appellation. Ladite queue est, par ailleurs, ornée d’anneaux. Des zébrures sont visibles sur ses pattes avant, alors que ses pattes arrière ont un tarse noir.
Ses canines sont particulièrement développées et ses oreilles sont plus grandes que celles du chat domestique. Ses mensurations générales ne s’en éloignent toutefois pas beaucoup ; la longueur du chat renard corse adulte, queue comprise, est de 90 cm, alors que son poids avoisine les 4 kg.
Toutes ces données ont pu être obtenues non seulement après la découverte du chat de 2008, mais aussi la capture, depuis, de 12 de ses congénères, dont une femelle. En tout, les chats renards corses recensés dans cette zone forestière de 25 000 hectares sont au nombre de 16.
D’où vient le chat renard corse ?
Dans un reportage de France 24 diffusé en 2019 (ci-dessous), Pierre Benedetti, chef technicien de l’environnement au sein de l’ONCFS, expliquait que la seule certitude que lui et ses collègues pouvaient avoir était que « ce n’est pas un chat sauvage européen » (Felis silvestris silvestris). Le chat renard s’en distingue par ses caractéristiques et son ADN. Génétiquement, il partage certains aspects avec le chat forestier africain (Felis silvestris lybica).
D’après les éléments dont disposent les scientifiques jusqu’ici, l’hypothèse la plus probable sur ses origines historiques et géographiques est que l’espèce serait apparue il y a environ 8500 ans au Moyen-Orient.
Il y a encore beaucoup à découvrir sur le chat renard corse
Les chats renards corses capturés par les agents de l’ONCFS ont été endormis, mesurés, pesés et examinés. Ils ont également reçu des colliers GPS avant d’être relâchés dans leur milieu naturel. Le but est de recueillir le plus de données possible sur le mode de vie de cet animal, notamment en ce qui concerne ses habitudes alimentaires, son comportement, les rapports entre congénères et la reproduction.
Autrement, il serait impossible de suivre et d’observer ce félin très discret et à l’activité essentiellement nocturne. D’autant plus qu’il vit dans les montagnes et s’efforce de se maintenir hors de portée des redoutables serres de son prédateur : l’aigle royal (Aquila chrysaetos).
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Ceux qui étudient le chat renard corse souhaitent qu’il soit reconnu et protégé. Pour l’heure, on ne peut pas encore dire s’il s’agit véritablement d’une nouvelle espèce. Dans un article paru dans Le Monde en juin 2019, Eric Hansen, directeur interrégional à l’ONCFS, se montrait prudent : « cela pourrait être un croisement, peut-être avec un chat sauvage sarde, Felis silvestris ».
La réponse viendra très certainement des résultats de la recherche génétique menée au sein d’un laboratoire du CNRS à Lyon.