Je ne vois pas ma vie sans animaux de compagnie
Christophe Beaugrand
Christophe Beaugrand, journaliste sur LCI, a toujours considéré les animaux de compagnie comme des membres de la famille. Passionné et engagé, l'animateur de 45 ans porte leur voix, notamment pour sensibiliser le public aux drames de l'abandon. À l'occasion d'un entretien exclusif avec l'équipe rédactionnelle de Woopets, il a révélé la relation unique qu'il entretient avec le petit peuple de poilus.
Quels animaux ont marqué votre vie ?
J’ai eu 3 chats, 2 chiens et un furet. Mon premier chien, un Labrador chocolat, est décédé à l’âge de 15 ans. Ensuite, Madame, une femelle Berger Australien, est venue égayer notre foyer.
Mon premier chat, que j’ai eu pendant mes études, est parti vivre chez mes parents parce qu’il y était plus heureux. J’ai pris cette décision, car après l’y avoir laissé quelques semaines, il n’a pas supporté le retour en appartement. Plus tard, j’ai pris un Chartreux, mort en 2017. On m’avait aussi demandé de garder un félin, Balzac, pendant 2 semaines : il est finalement resté 17 ans ! Il a rendu son dernier souffle cette année.
En janvier, nous visiterons certainement un refuge avec mon fils, Valentin, pour adopter un petit chat. Nous le choisirons tous ensemble. Sincèrement, je ne vois pas ma vie sans animaux de compagnie. Ils apportent de la joie dans une maison ; ce sont vraiment des membres de la famille à part entière !
Comment vous décririez-vous en tant que maître ?
J’essaye de ne pas faire d’anthropomorphisme, c’est-à-dire de me mettre dans la peau de l’animal, sans lui coller des envies ou des besoins humains. Quand on adore son chien ou chat, on a tendance à lui attribuer des réactions et des sentiments humains. Même s’il fait partie de la famille, j’entretiens un rapport Homme/animal, en respectant son identité et sa spécificité.
Quand notre nouvelle chienne est arrivée, elle ressentait beaucoup de stress. Le vétérinaire m’a conseillé de la placer dans une boîte la nuit, afin qu’elle retrouve naturellement son cocon. Si on fait de l’anthropomorphisme, on peut facilement refuser d’enfermer « ce pauvre petit chien », alors que cet endroit va le rassurer et l’aider à se sentir bien. Cela s’est super bien passé, et Madame s’est apaisée grâce à cette technique.
Adopter un animal est une responsabilité ; il devient un membre de la famille.
Quelle relation votre petit garçon, Valentin, entretient-il avec les animaux de votre foyer ?
Notre fils joue beaucoup avec Madame. Nous lui apprenons à agir en douceur avec les animaux. C’est difficile pour un bébé, car dans l’absolu, il fait rarement les choses doucement [rires]. Valentin est vif et vigoureux. Parfois, il se montre un peu brusque.
Les Bergers Australiens sont tendres et compréhensifs avec les enfants, ce sont de bonnes pattes. Mais lorsque Madame en a marre, elle émet un léger grognement et se réfugie dans un coin pour être tranquille. Elle n’a jamais eu de réaction agressive, mais nous expliquons à notre fils qu’il ne faut pas embêter un animal quand il mange ou dort par exemple, car il peut mordre. Nous lui faisons également comprendre qu’il doit toujours demander la permission de caresser un chien qu’il croise dans la rue.
Globalement, je lui apprends l’amour et le respect des animaux, c’est un apprentissage parmi tant d’autres. Si les parents donnent les bonnes clés à leurs enfants, ils grandiront en sachant bien se comporter avec les chiens, les chats et les autres petites bêtes.
© Lola Ledoux | YLGQuels conseils donneriez-vous aux parents désirant adopter un animal de compagnie ?
C’est très important de se renseigner sur le caractère et les spécificités de l’animal. En l’occurrence, un Berger Australien a la réputation d’aimer énormément la famille. Madame a également un comportement de chien de berger, surtout en balade.
C’est inutile d’accueillir un chien qui a besoin d’espace, si on vit dans un petit appartement et qu’on n’est pas suffisamment disponible pour le promener. Sinon, il ne s’épanouira pas et développera peut-être de l’agressivité.
Adopter un animal est une responsabilité ; il devient un membre de la famille. Il faut être certain qu’il puisse s’adapter à tous les membres du foyer, et vice versa. Un animal de compagnie apporte énormément de joie, mais aussi des « contraintes », comme les promenades quotidiennes.
Quand on a des enfants en bas âge, on doit être sûr d’avoir suffisamment de disponibilité pour s’occuper du chien ou du chat. Si on aime les animaux et qu’on les respecte, on sait leur consacrer du temps. C’est indispensable.
Aimer son animal, c’est s’occuper de lui durant toute sa vie, y compris dans les moments difficiles.
Le 6 novembre 2022 est à marquer d’une pierre noire, puisque votre chat Balzac est décédé. Comment avez-vous vécu ce deuil ?
C’était un chat d’extérieur. Quand je suis revenu d’un court séjour, je l’ai croisé et caressé, puis il est reparti. Je ne l’ai pas revu pendant un jour et demi. D’habitude, nous le voyions tout le temps…
En partant travailler vers 4h du matin, j’ai constaté que sa gamelle était encore pleine : il n’était pas repassé. Comme il était vieux, cela me préoccupait. Je ne voulais pas qu’il décède sous un buisson dans le jardin d’un voisin ou sur un terrain vague, et que je ne le retrouve jamais…
En fin de matinée, j’ai envoyé un message à mon compagnon pour avoir des nouvelles de Balzac. Le contenu de l’écuelle avait été avalé aux trois quarts. Je suis rentré à la maison rassuré. En arrivant, je l’ai découvert allongé sur le paillasson, où il se reposait habituellement. Il se tenait dans une position de sommeil, mais était décédé. C’était compliqué de l’expliquer à Valentin, parce que la mort ne signifie pas grand-chose pour un enfant de 3 ans. Je lui ai proposé de dire au revoir à Balzac et il l’a caressé.
Le décès de Balzac m’a profondément peiné, j’ai pleuré pendant 2 jours. Heureusement, il a eu une jolie vie. C’est comme ça, les animaux ne sont pas éternels.
Une proposition de loi autorisant les propriétaires à être inhumés avec les cendres de leur animal de compagnie sera prochainement portée à l’Assemblée nationale. Qu’en pensez-vous ?
Je trouve ce projet formidable !
Je conserve les cendres de mon chien dans une jolie urne, posée dans le salon. C’était important pour moi de l’avoir à mes côtés. Certains propriétaires sont très proches de leur animal de compagnie. Pour des personnes âgées, il s’agit parfois du dernier compagnon. Ma grand-mère, extrêmement attachée à son chien, a terminé sa vie dans un EHPAD sans pouvoir le garder auprès d’elle. Ce fut un coup terrible…
J’ai compris, grâce à une association qui vient en aide aux personnes sans domicile fixe, Les Gamelles du cœur, que lorsqu’on est seul dans la vie, complètement désocialisé, qu’on n’a plus d’amis ni de famille, le chien demeure essentiel. Il joue un rôle beaucoup plus important qu’on ne le croit dans la société.
L’humain vit avec les animaux depuis toujours. Ils ont plus que jamais leur place auprès de nous.
Les futurs propriétaires doivent faire leur choix en connaissance de cause et se poser les bonnes questions.
Vous êtes engagé contre l’abandon des animaux de compagnie. Que vous inspire cet acte ?
© Lola Ledoux | YLG Christophe Beaugrand en compagnie de Donatienne du Vignau, directrice communication chez Mars PetcareCela me dépasse et me met très en colère. Je ne comprends pas comment les parents peuvent annoncer cette disparition soudaine à leurs enfants.
Certains ont la « décence » d’abandonner leur chien ou chat dans un refuge, alors que d’autres l’attachent à un arbre et s’enfuient. C’est atroce. Au-delà des gens les plus horribles, il y en a aussi qui ne réfléchissent pas assez avant d’accueillir un animal de compagnie. Ils n’ont pas forcément perçu la responsabilité que cela représentait.
Les fêtes de fin d’année approchent, il ne faut pas oublier qu’un animal n’est pas un simple cadeau de Noël. C’est super mignon de mettre un petit chien dans une jolie boîte pour faire plaisir à son garçon ou sa fille. Mais ils devront lui apprendre la propreté et le sortir en plein hiver, c’est un véritable travail. Puis, le chiot grandira.
Les moyens financiers sont également à prendre en considération. La nourriture et les frais vétérinaires coûtent cher. Les futurs propriétaires doivent faire leur choix en connaissance de cause et se poser les bonnes questions. Par exemple, sont-ils prêts à quelques sacrifices pour s’occuper d’un animal ?
Ils doivent avoir conscience qu’une location de vacances sera plus compliquée à dénicher ou plus onéreuse en présence d’un chien. Si aucun proche ne peut garder ce dernier le temps du séjour, il faudra trouver une autre solution.
Aimer son animal, c’est s’occuper de lui durant toute sa vie, y compris dans les moments difficiles. Il tombera malade et vieillira. Leur rôle consiste à être présent à ce moment-là aussi.
Nous pouvons [...] faire prendre conscience aux gens qu’un animal de compagnie ne représente pas un objet.
En tant que personnalité publique, estimez-vous avoir un rôle important à jouer pour la cause animale auprès du grand public ?
En tant que personnalité, j’ai un certain nombre d’engagements – contre l’homophobie notamment. Peu de célébrités s’expriment sur la cause animale. Il y en a tellement qui s’en foutent ou, tout simplement, qui n’osent pas s’engager sur ce terrain.
Nous pouvons véhiculer des messages positifs, mais sans être moralisateurs, pour essayer de faire prendre conscience aux gens qu’un animal de compagnie ne représente pas un objet. C’est un être vivant, qu’il faut respecter.
Propos recueillis par Joséphine Voisart
© Lola Ledoux | YLG Marche solidaire de l'Animal en Ville organisée par Mars Petcare